'' Le bonheur n'est pas une destination, mais une façon de voyager. ''

- Catherine et Roger -


lundi 15 novembre 2010

Tour de Babel vietnamienne

Hué - Vietnam

Bonjour à vous,

On a tous déjà fait le rêve un jour ou l'autre où on tente de parler mais personne ne semble nous comprendre, voire même nous entendre. Un rêve où on essaye de crier et personne ne réagit. On se sent alors bien seul, fâché et isolé dans ce que l'on vit. Là où la sympathie et l'empathie sont que de simples principes théoriques. Seul parmi une meute qui grouille et qui vit sans vous. Hé bien, pendant 2-3 jours, loin des artères touristiques, nous avons eu l'impression de faire ce rêve. Ce rêve que nous n'avions pas encore vraiment fait depuis le début de notre séjour au Vietnam. Ce voyage imaginaire semble maintenant derrière nous. Nos origines occidentales ont maintenant relativisée les choses et ont développées des outils afin de décoder le vietnamien rieur.

Je vous explique. Après avoir quitté les paysages splendides de la Baie d'Halong, nous avons aussi laissé les routes plus rurales pour emprunter la route nationale pour descendre vers le sud. Cette route principale est chargée de circulation et ponctuée de plusieurs grandes villes. Nous avons alors constaté que nous semblions vivre un autre Vietnam. C'est-à-dire, un Vietnam où le capitalisme touristique prenait davantage de place. Nous avons vécu plusieurs moments de quiproquo où des factures qui nous semblaient un peu trop gonflées s'entremêlaient à l'incompréhension des situations en raison de la langue. Nous avons alors été pendant quelques temps sur nos gardes.

Par exemple, au Vietnam, dans les villes non touristiques, il est rare que les prix soient affichés. Généralement, les marchands nous donnaient toujours des prix qui tenaient la route. Par contre, lors d'une journée en particulier, les prix de nos 3 repas consécutifs ont été plus élevés que ce que nous payions d'habitude. Nous voulions donc des explications, nous argumentions selon les prix que nous connaissions. Toutefois, comme leur anglais est plus que pauvre (tout comme notre vietnamien d'ailleurs) et que même leur non-verbal ne nous aide pas à comprendre, même si les vietnamiens tentaient de nous expliquer la raison des prix élevés, nous ne comprenions rien évidemment, ce qui nous donnait toujours l'impression de se faire flouer. Très difficile de s'expliquer dans ces conditions là, par conséquent, difficile aussi de départager le vrai du faux, l'honnête de l'opportuniste. À chaque fois, marchander pour son repas devient épuisant. C'est difficile lorsque le repas est déjà mangé et surtout que nous marchandions pour 1 ou 2 $ de différence... c'est très peu pour nous, mais énorme pour eux. On aime pas se faire avoir, mais à la fin ça vient tannant de se chicaner pour 1$. On vient parfois lasse, on paie, mais après on est fâché. On ne sait jamais si nous payons plus cher que notre voisin vietnamien ou si leurs explications sont valables, mais incomprises par nous.
Repas qui nous a probablement coûté le double, accompagné d'une bière chaude comme c'est bien souvent le cas dans les petites échoppes comme celle-ci.

Après cette journée où nous avons eu l'impression de se faire avoir, nous sommes tombés dans un café, où par surprise, tous les prix étaient affichés dans un menu. ''Génial!'' que nous nous sommes dits, il n'y aura pas de confusion! Cependant, lorsque nous sommes arrivés pour payer, le prix était plus honnéreux. On nous explique alors que le menu affichait les prix de 2008 et non 2010!?! Tout avait donc augmenté un peu de quelques sous... pas beaucoup, mais nous étions découragés de ne pas avoir encore les bons prix. Après plusieurs tentatives pour essayer d'expliquer aux 6 serveurs devant nous que c'était peu honnête (eux ils riaient), nous avons payé sans sourire. La différence n'était pas énorme... par contre, l'explication était-elle vraie ou c'était encore un truc pour faire payer plus le touriste ??? Nous ne le saurons jamais...

Autre anecdote, une fois, nous étions dans un motel boui-boui dans un simple village. On nous montre alors sur un papier le prix pour 1 gio et pour 2 gio. On se dit que c'est le prix pour une personne et pour deux personnes. C'est vraiment pas cher, mais on est dans le milieu de nul part, alors c'est possible. On accepte et on paie. Le lendemain, au moment de partir, ils nous disent alors que nous devons encore payer. ? Pourquoi ? Était-ce un malentendu pour le prix de départ ou est-ce que nous étions entrain de vivre une corruption sous nos yeux. On tente de comprendre la situation avec l'aide de crayon, papier et de notre non-verbal. On veut pas de problème, mais on veut pas se faire avoir. On n'arrive pas à se comprendre. Il faut dire que les vietnamiens sont avares de signes et leur non-verbal est non-explicite. Par contre, ils rient beaucoup, pour tout et pour rien. Qu'est-ce que cela veut dire ? Est-ce qu'ils se moquent de nous ou bien est-ce que c'est seulement un trait culturel que nous ne pigeons pas. Bref, ce matin là, nous sommes mécontents, alors que eux ils rient. On fini par payer la différence, ça revient le même prix qu'un hôtel dans une grande ville. Ce qui n'est pas démesuré, mais on ne comprends pas ce qui s'est passé. On quitte alors avec un goût amer. En moulinant ce matin là, un travail de réflexion s'est imposé. Le paysage magnifique se prêtait bien à la cogitation.
Nous comprendrons un peu plus tard que le prix qu'on nous avait donné le soir était celui pour 1 heure et 2 heures et non pour 1 et 2 personnes. ''Gio'' signifie "heure", c'est à retenir. C'était en fait un hôtel qui était habitué de recevoir des clients pour des "siestes". Allez savoir. Quelle mauvaise incompréhension due à la langue. Pour nous, il était évident que nous arrivions là pour la nuit et qu'une simple sieste n'était pas notre intention. Par contre, pour eux, leur prix était clair, c'était même écrit sur notre papier 1 gio=50 000 dong, 2 gio = 80 000 dong. À qui la faute ? En fait, y-a-t-il un fautif ? Par contre, il y a eu un air de malhonnêteté des 2 côtés...

Toutes ces aventures, nous ont permis de bien réfléchir et de comparer la culture des deux peuples. Nous tentons aussi maintenant de dissocier les quelques mauvaises expériences du peuple vietnamien. La malhonnêteté existe partout. Nous croyons qu'ici elle n'est pas pire, seulement l'incompréhension culturelle et celle de la langue nous donnent parfois l'impression que les gens veulent tous profiter de nous. Aussi, il ne faut pas perdre de perspective que leur situation économique est bien différente de la nôtre. Faut-il vraiment leur en vouloir de tenter de gagner quelques sous de plus avec des occidentaux au standard de vie tellement plus élevé qu'eux. Pour eux, on est fortuné (ils n'ont pas tords), par contre, pour nous, voyageurs à vélo, notre budget est minutieusement compté et il n'y pas tant de place pour des sous de plus à chaque jour. La ligne est donc flou entre tout ça et la confusion envahissante dans nos esprits. Tout est une question de point de vue. C'est ça aussi le voyage, le choc des cultures, l'ouverture face à l'autre et l'obstacle de la langue. Ça fait partie de l'aventure! Le Vietnam est sans contredit une aventure beaucoup plus culturelle que physique comparativement à la Turquie.

Voilà, après avoir digéré ces péripéties qui deviendront des anecdotes de soirées entre amis, nous sommes maintenant plus sereins. Nous sommes très vigilants mais aussi zen. Nous nous mettons d'accord sur les prix avant d'acheter ou de manger en utilisant la calculatrice. Bien sûr, on les fait rire, mais au moins nous réduisons les chances de malentendu et surtout nous tentons de ne pas toujours croire que leur intention est mauvaise.

Malgré ces moins bons moments, nous en avons connu aussi d'autres plus agréables. Maintenant place aux images capturés ces derniers jours.
Les incompréhensions de la langue peuvent aussi nous amener d'agréables surprises. Comme cette fois où j'avais commandé une grosse bière en mimant ma demande à la serveuse, voici ce que j'ai reçu. Ici, ma demande à été plus que respectée.

Autre tranche de voyage sympathique... à chaque jour de vélo, nous avons pris l'habitude d'arrêter entre le déjeuner et le dîner pour prendre un café. Une journée, au moment de quitter le café, Catherine avec sa curiosité à toute épreuve, demande au proprio de la place ce qui mijote dans le pot en verre situé sur le comptoir où fermente plusieurs serpents.. Il nous fait comprendre que c'est de l'alcool, plus précisément du ruou ran, un alcool de riz typique au Vietnam. Il demande à Catherine si elle veut goûter. Elle décline l'offre. L'offre m'est alors retournée (ricochet vers mon chum se dit-elle avec le sourire). J'accepte. Ouf, après un café vietnamien pourquoi pas un petit shooter de serpents (il est à peine 11h am.)
Le proprio du café était bien heureux d'avoir un complice pour trinquer. Le complice lui, était un peu moins enthousiaste.
Disons que je n'ai pas appliqué le slogan des annonces de lait au Québec (''Un c'est bien, mais deux c'est mieux!'')

Maintenant sur une route plus achalandée, nous avons sorti nos sifflets et bandeaux. Les sifflets pour ''klaxonner'' comme les vietnamiens afin d'aviser nos dépassements. Il faut dire que nous défions les règles de la circulation. Nous sommes plus rapides que les autres vélos mais plus lents que les motos (toutefois égale aux motocyclistes qui parlent au cellulaire!!). Les bandeaux tant qu'à eux, servent à contrer la poussière et la pollution des camions parfois dense à certains moments.

En plus de croiser tous les motos et les vélos (y compris ceux à sens contraire), les boeufs, les chiens et les coqs le long des routes, il faut faire attention aux garde-manger des paysans. Ils se servent de la route pour faire sécher leur récolte de riz. Imaginez ça sur Décarie!!

Il y a aussi tout plein de marchands sur le bord de la route.

Partout au Vietnam, c'est le genre de borne que nous croisons sur la route. On est presque rendu à Ho Chi Minh,notre point final en vélo, juste quelques kilomètres...

Tiens tiens, des souris grillées ;une nouveauté pour nos pupilles que nous n'avons pas partagé avec nos papilles...

Plusieurs fois par jours, nous croisons des écoliers qui vont et qui reviennent de l'école. Rarement ils manqueront l'occasion de nous dire ''Hello'', souvent 2-3 fois plutôt qu'une. Parfois même, ils tentent de faire la course avec nous.



Dans l'ensemble des restos, les baguettes sont les ustensiles de prédilection. Une fois, lorsque nous étions installés dans une petite place pour dîner, je mangeais évidemment avec des baguettes. Cependant, après un court moment, le gérant du restaurant s'est approché de moi et m'a tout simplement enlevé mes baguettes et m'a tendu une fourchette. Ce n'était pas une proposition, c'était un ordre. Je me suis senti nul. J'avais l'impression que c'était un entraîneur d'une équipe sportive et il venait de me dire:''Désolé mon grand, tu n'as pas encore le talent pour oeuvrer dans la LNB (Ligue National des Baguettes), va donc faire un tour dans le club-école dans la LMF (Ligue Mineur des Fourchettes). Ouf, dur pour l'égo. Mais depuis, ma technique c'est nettement améliorée.



L'une des façons de socialiser et de communiquer avec les vietnamiens est de montrer notre parcours sur une carte. Un moment toujours gagnant pour rassembler toute la famille.


Lors de cette dernière semaine, nous avons traversé la DMZ (l'ancienne zone démilitarisée qui séparait jadis le nord du sud). Cette zone, ironiquement, a été l'une des plus bombardées lors de la Guerre du Vietnam. Maintenant, la nature a repris le dessus sur tous les trous béants des bombes, mais traverser cette zone donne des frissons d'horreur. Sur notre route se trouvait l'un des nombreux cimetières National de la guerre. Nous sommes arrêter pour explorer, nous étions seuls avec toutes ces tombes de soldats décédés. Moment très particulier et émouvant autant pour l'atmosphère qui y régnait, que la quantité de pierres tombales et surtout le très jeune âge des soldats.

Nous avons visité les tunnels de Vinh Moch. Ils furent creusés et utilisés par les Viet-cong afin de se cacher lors de la guerre, particulièrement lors des bombardements américains. Plusieurs familles y vécurent pendant 5 années. Même que 17 bébés ont vu le jour à l'intérieur de ces tunnels.



Nous sommes arrivés à Hué, dans le centre du Vietnam, dans la pluie. Cela nous a valu une journée de vélo en bel imperméable (imperméable utilisé ici par tous les vietnamiens à vélo et à moto). Nous sommes à Hué depuis maintenant quelques jours et il pleut toujours. Nous nous y attendions, car dans cette région c'est la saison des pluies... mais c'est beaucoup plus pluvieux qu'on l'imaginait. C'est vraiment le déluge. Plus de détail de cette flotte dans le prochain blog.

bisous mouillés,
Catherine et Roger xxx

2 commentaires:

  1. Xin chào các ướt.. LoLLL...
    Salut! Jusqu'à date, En regardant et lisant tous vos Blogs, on essayait toujours d'imaginer tout les petits détails d'une journée,, qui pourrait vous arriver, pendant le voyage assez spécial que vous faîtes..
    Mais avec ce dernier Blog, vous entrez dans plus de détails et d'anecdotes et c'est très intéressant, on aimes bien ça ""À part ton vin aux serpent pis tes souris grillées"" LoLL..
    Lâchez pas,, et "Bonne route"
    Gaétan et Lucie....

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  2. S'il est vrai que «les voyages forment la jeunesse» alors vous reviendrez infiniment formés et sages mes amis. Vous voyagez plus que quiconque en ce moment en vous plongeant dans le quotidien de ces gens. Merci de nous faire part de ces défis et de cette dualité de pensée qui compose maintenant votre quotidien. Bonne route!

    Simon A.

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